Les instruments de musique sont d’abord des outils sonores. Ils sont conçus, modifiés, améliorés par les fabricants pour produire des sons qui donneront satisfaction aux musiciens et aux auditeurs. Les instruments sont également au service, au contact des mains des musiciens. Les mains se lisent sur chacun d’entre eux, et bien souvent les touches, les trous sont usés par les milliers de contacts successifs établis au fil des années de jeu. Cette usure témoigne en partie des gestes, des techniques de jeu de ces musiciens, et l’émotion peut être grande à l’observation de l’usure d’un instrument ancien, dernière trace visible du rapport entre lui et l’instrumentiste disparu depuis longtemps, comme un enregistrement muet.

Ensuite, les instruments de musique sont des objets à voir et à regarder. La préoccupation des fabricants et des musiciens est constante quant à l’aspect, l’image, la plastique, la texture, la couleur, les matériaux d’un instrument. 

Enfin, et peut-être d’abord, dans leur fonction traditionnelle, ces instruments sont porteurs de sens, de symboles dont beaucoup nous échappent maintenant. 

Toutes ces dimensions confèrent aux instruments un puissant pouvoir sur nos imaginaires, qui peuvent être mis en mouvement au premier regard porté sur ces chefs-d’œuvre de poésie sonore et plastique.

La photographie, et plus précisément le gros plan, nous permet d’accéder aux griffures, usures, et marques du temps qui sont les signes mêmes de l’humanité intime de ces objets sonores.

16 pouces Musette de Joseph Béchonnet 1871